La gestion des douleurs de la naissance : quelques propositions

20 août 2023

La douleur associée à l'accouchement est une préoccupation majeure pour la plupart des femmes. Heureusement, il existe des méthodes pharmacologiques et non pharmacologiques qui peuvent aider à soulager les douleurs de la naissance.

La douleur de la naissance est une combinaison de douleurs musculaires, de pression, d'étirements des tissus et de sensations de traction résultant des contractions utérines, de l'ouverture du col de l'utérus et du passage du bébé par le canal de naissance. Ces sensations sont souvent décrites comme intenses et peuvent varier en intensité tout au long du travail.


1- Approches pharmacologiques pour soulager la douleur :

  • Analgésiques : Les analgésiques tels que les opiacés, les narcotiques ou le protoxyde d’azote peuvent être administrés par voie intraveineuse pour soulager les douleurs de l’accouchement. Ils agissent en bloquant les signaux de douleur dans le système nerveux central, offrant un soulagement temporaire. Cependant, ils peuvent avoir des effets secondaires tels que la somnolence, la nausée, la diminution de la vigilance chez la mère et le bébé ou encore la perte de contact avec la réalité.
  • Anesthésie péridurale : La péridurale est une méthode couramment utilisée pour soulager la douleur de la naissance. Elle consiste en l'injection d'anesthésiques locaux dans l'espace épidural, bloquant ainsi les signaux de douleur du bas du corps. Cela permet à la mère de rester éveillée et de participer activement à l'accouchement. Cependant, la péridurale peut entraîner des effets secondaires tels qu'une diminution de la pression artérielle, des maux de dos, une prolongation du travail entrainant un risque accru d’instrumentalisation du travail (ventouses, forceps…).
  • D’autres moyens pharmacologiques : Le bloc honteux (ou bloc pudendale) est une anesthésie locale vaginale. Elle soulage efficacement les douleurs de cette zone (lors de la pose de la ventouse ou des forceps, ou encore en cas d'épisiotomie). L’électrostimulation (TENS) peut aussi être une proposition intéressante pour soulager les inconforts articulaires et musculaires dans le bas ventre et la région lombaire, fortement sollicités lors de la naissance. Les injections d’eau stérile dans la région lombaire participent à la réduction de la douleur des contractions utérines. Si l’administration est un peu douloureuse, le soulagement est important.
  • Le cas particulier de la césarienne : Pour ce qui est de la césarienne, elle peut se faire sous anesthésie péridurale ou sous anesthésie générale.

Le soulagement de la douleur pendant la naissance est essentiel pour offrir aux femmes une expérience confortable et positive. Il est important de se pencher sur les options non pharmacologiques en amont de la naissance afin de se préparer en cas d’impossibilité d’avoir recours à une analgésie médicamenteuse souhaitée ou par choix d’accouchement physiologique. Quelques soient les choix des futurs parents, ils sont ainsi équipés de nombreux outils pour atténuer l’intensité des sensations physiques de la naissance.

2- Approches non pharmacologiques pour soulager la douleur :

  • La préparation à la naissance : Les cours prénataux proposés par les maternités ou prodigués par une sage-femme offrent de nombreux avantages dans la gestion de la douleur de l’enfantement. Ces cours permettent aux femmes enceintes et à leurs conjoints d’acquérir des connaissances sur le processus du travail de la naissance ainsi que sur les différentes options de gestion de la douleur. En comprenant mieux ce qui se passe dans le corps pendant l'accouchement, les femmes se sentent plus préparées et confiantes, ce qui peut réduire leur anxiété à ce sujet. Les cours de préparation à la naissance enseignent également des techniques spécifiques, telles que la respiration contrôlée, les positions favorables, les massages et la visualisation, qui peuvent aider à atténuer la douleur de manière naturelle. En pratiquant ces techniques tout au long de la grossesse, les femmes sont mieux préparées à les utiliser pendant le travail, ce qui peut contribuer à un soulagement efficace de la douleur et à une expérience de naissance plus positive. De plus, ces cours offrent un espace pour poser des questions, partager des préoccupations et établir des liens avec d'autres femmes enceintes, créant ainsi un réseau de soutien précieux.
  • La compréhension des processus de la naissance : Que ce soit par les cours de préparation à la naissance, par la lecture d’ouvrages spécialisés dans ce domaine ou par l’accompagnement d’une doula, la compréhension des mécanismes en jeu lors de la naissance (aux niveaux physiologiques, hormonaux et psychologiques) est d’un grand soutien dans le vécu de la douleur de l’enfantement. Forte de la compréhension de ce qu’elle traverse, la femme enceinte peut rejoindre son bébé dans leur chemin commun de naissance, en toute confiance. La douleur peut ainsi être traitée comme une information de l’avancement du travail, plus comme une douleur de transformation et moins comme une atteinte à l’intégrité du corps. Le sens de la douleur est alors complètement différent.
  • Les hormones naturelles : La stimulation des hormones naturelles peut jouer un rôle essentiel dans le soulagement de la douleur pendant l’accouchement (ocytocine et endorphines notamment). Pendant le travail, le corps produit naturellement des hormones telles que les endorphines, qui sont des analgésiques naturels. Lorsque ces hormones sont libérées, elles peuvent atténuer la perception de la douleur et favoriser une sensation de bien-être, voire de repos. Pour que ces hormones puissent faire efficacement leur travail, il est nécessaire de mettre en place un environnement propice à leur sécrétion. Ces hormones se multiplient lorsque le femme en travail peut laisser de côté son cortex préfrontal (celui de la raison, de l’intelligence) au profit de son cerveau archaïque (le cerveau primitif, celui des réflexes). C’est dans un espace d’intimité et d’obscurité que ces hormones agissent le mieux et que la femme enceinte peut se laisser aller au lâcher prise. Les indications à garder en tête pour favoriser ces hormones sont les suivantes : augmenter la température (ne pas avoir froid), garantir l’intimité (peu de personnes présentes et peu d’interventions) et éviter les stimulations sensorielles (obscurité, chuchotements…). De plus, un environnement de soutien, calme et rassurant, peut stimuler la production d'ocytocine, une hormone qui facilite les contractions utérines et favorise le lien émotionnel entre la mère et le bébé. En encourageant la production d'hormones naturelles, les femmes peuvent bénéficier d'un soulagement de la douleur plus naturel, tout en favorisant une expérience de naissance plus confortable et connectée sur le plan émotionnel.
  • Les techniques de respiration et de relaxation : La respiration profonde, la visualisation positive et les techniques de relaxation peuvent aider à réduire la tension musculaire et à favoriser un état de calme pendant le travail. Ces techniques peuvent également favoriser la libération d'endorphines, des hormones naturelles qui aident à soulager la douleur.
  • Les massages : Les massages peuvent être utilisés pour soulager la douleur de la naissance en insistant sur des parties spécifiques du corps (le dos, les hanches, les cuisses). Ils favorisent la relaxation musculaire, réduisent la tension, les crampes musculaires et augmentent la circulation sanguine dans la zone massée.
  • L’utilisation de l’eau : L'immersion dans un bain chaud ou l'utilisation d'une douche peut être apaisante et aider à soulager le corps douloureux. L'eau chaude peut aider à détendre les muscles et offrir un environnement confortable pour la future mère.
  • Les postures facilitantes : Les sensations que ressent la future maman lors de la naissance sont de précieux outils pour comprendre instinctivement les besoins de son bébé. Il n’est pas rare qu’une femme libre de ses mouvements lors de la naissance prenne des positions asymétriques ou se suspende, facilitant ainsi la descente et/ou la rotation de son bébé. Les personnes qui l’accompagnent (sages-femmes ou doulas) sont à même de lui proposer d’autres idées de positions qui pourraient atténuer les intensités ou encore aider son bébé à progresser, si elle en éprouve le besoin.
  • Le soutien émotionnel : Le soutien émotionnel joue un rôle crucial dans le soulagement de la douleur de l'accouchement. Lorsqu'une femme reçoit un soutien émotionnel adéquat pendant le travail, elle se sent rassurée, soutenue et en confiance. Il aide à réduire l'anxiété et la tension, favorisant ainsi un état de relaxation propice à la gestion de la douleur. Le soutien émotionnel peut provenir du partenaire, d'un membre de la famille, d'une doula ou d'une sage-femme présente en continu. Le simple fait d'avoir quelqu'un à ses côtés, qui la comprend, l’encourage et l'écoute activement, peut contribuer à réduire la perception de la douleur pendant l'accouchement. En offrant un soutien émotionnel continu, on crée un environnement propice à une expérience de naissance positive et paisible pour la femme en travail.
  • Le travail sur les peurs : On le sait maintenant, ce sont les peurs présentes à la naissance qui transforment la douleur en souffrance. Et quand la souffrance est là, la difficulté est plus grande encore. Lorsque les femmes abordent leurs peurs et leurs appréhensions liées à l'accouchement en amont, elles peuvent réduire leur anxiété et leur stress, ce qui peut influencer positivement leur perception de la douleur. En identifiant et en explorant ces peurs, les femmes peuvent trouver des moyens de les surmonter, renforçant ainsi leur confiance en elles-mêmes et en leur capacité à gérer la douleur.
  • L’accouchement orgasmique : L'accouchement orgasmique est un phénomène très peu fréquent, mais certaines femmes ont rapporté avoir vécu des sensations orgasmiques pendant le processus d'accouchement. Une atmosphère calme et intime (encouragements, caresses, baisers avec le partenaire) est favorable, avec des lumières douces, de la musique apaisante et la présence de personnes de confiance. La liberté de mouvement et de choix des positions peut également être bénéfique. Des techniques de relaxation, de respiration et de visualisation peuvent aider à se connecter à son corps et favoriser une expérience positive. L'accouchement orgasmique n'est pas une attente réaliste pour toutes les femmes, et il est important d'accepter et de respecter les différentes expériences et réactions face à la douleur de l’accouchement sans pression ni culpabilité.
« L’accouchement orgasmique ne signifie pas nécessairement que vous expérimentez l’orgasme, mais que vous accouchez connectés à votre corps et à votre bébé, avec des sentiments d’extase et de libération. » Elisabeth Davis (sage-femme américaine)
  • Recherche d'ôter la douleur versus création d'un espace de bien-être : Si l'on comprend le sens des douleurs de l'enfantement (douleurs de transformation, d'adaptation du corps vers autre chose), on peut alors choisir de ne pas forcément ôter la douleur mais plus de chercher à créer un espace de bien-être qui permette de traverser cette étape avec quiétude et confiance. Tous les élements qui favorisent la stimulation des hormones peuvent aider à la mise en place d'un tel espace : pénombre, musique douce, peu de personnes, peu de stimulations, massages et caresses, chuchotements, chaleur, etc. Cette conception du travail de la naissance prend alors un autre sens car la femme qui enfante sait qu'elle traversera des intensités mais cherchera à créer avec ceux qui l'entourent un espace protégé pour vivre pleinement l'expérience de l'accouchement. On retrouve beaucoup cette approche lors des AAD (Accouchement Accompagné à Domicile), en plateau technique et en maison de naissance, mais on peut aussi préparer cet espace à la maternité et en clinique privée. Il s'agira juste d'anticiper ce choix et de le préparer en amont. Il est important d'expliquer ce projet à l'équipe qui vous accompagnera le jour J afin qu'ils comprennent quel est votre projet en ce sens.

Il existe plusieurs mots pour parler des douleurs de la naissance : intensité, vagues, douleur, force, souffrance… Chaque femme trouvera le mot qui lui convient en fonction de son vécu. Cependant, il convient de présenter cette réalité du travail d’enfantement avec justesse, c’est un enjeu important dans la représentation et dans le vécu de la femme qui enfante. Ainsi, dans mes accompagnements, je parle d’"intensité" (force, puissance de quelque chose) afin de respecter une neutralité qui permettra à chaque femme de clarifier son vécu sur le sujet, et ce, sans pression aucune.

« Nous avons confondu le mystère avec la peur, l’intensité avec la douleur. » Isabelle Challut (extrait du livre « C’est mon accouchement » de Floriane Stauffer Obrecht


Dans toutes ces options présentées, chaque femme pourra venir piocher ce qui lui correspond, dans le respect de ses choix et de ses besoins. Nous ne sommes pas toutes égales face à la douleur de l’enfantement. Et nous ne pouvons savoir à l’avance comment nous allons traverser cette intensité. J’encourage donc les futures mamans à s’écouter et à ne pas se mettre de pression. S’il est important de se projeter et d’imaginer la naissance de son enfant, il serait regrettable de se culpabiliser de ne pas avoir réussi à accoucher comme on l’imaginait. Dans la naissance, nous n’avons rien à prouver, juste à se laisser porter vers son bébé, avec le support de tout ce qui peut rendre l’expérience douce et profitable à la maman comme au bébé.

Lors des accompagnements de doula que je vous propose en période prénatale, je vous informe de tous ces outils afin que vous puissiez avancer vers ce qui vous correspond le plus. Nous prenons le temps d'expérimenter ces différents outils. Et lors de la naissance, je suis un soutien physique et émotionnel pour vous apporter ces outils au moment où vous pourriez en avoir besoin. Je suis à votre disposition pour répondre à vos besoins spécifiques. Quelque soit le chemin que vous avez choisi pour atténuer l’intensité des contractions, je me tiens à vos cotés, sans jugement, avec respect et bienveillance envers vous et avec admiration pour le beau travail que vous êtes en train de faire.

« Prenez une doula ! Son travail consiste à vous rendre ce moment le plus agréable possible et à rassurer votre compagnon. » Ina May Gaskin

Esther Benevolo

Je suis maman, doula et éducatrice de jeunes enfants à Valbonne et dans les Alpes-Maritimes 06. Je vous accompagne en prénatal, à la naissance, en postnatal et propose blessingway et soins rebozo.