5 clés pour prendre soin de soi en tant que maman
Ce sujet est abordé dans bons nombres d’articles de psychologie ou dans des blogs de mamans. Pourquoi autant d’engouement pour ce thème ? Est-ce une nouvelle mode ? Est-ce le signe d’un désengagement des mères au profit de leur bien-être ? Est-ce une énième injonction pour culpabiliser les mamans qui ne sauraient prendre soin d’elle ?
Je vous explique en 5 clés pourquoi ce sujet est fondamental et pourquoi ce n’est pas une injonction de plus ! Je vous explique ici pourquoi et comment prendre soin de soi en tant que (jeune) maman.
1- Comprendre pourquoi c’est parfois si difficile de prendre soin de soi ?
Lorsque vous traversez le désir d’enfant, la grossesse puis l’accouchement, vous êtes souvent parachutés dans le monde de la maternité sans trop y avoir été préparé. Et même si les copines vous ont dit combien le manque de sommeil est cruel, il faut le vivre pour le comprendre. Alors voilà, votre petit trésor est là, merveilleuse créature aux multiples besoins. Car, oui, le petit humain n’a pas la capacité de répondre lui-même à ses besoins. Il a besoin de ses parents pour lui permettre de survivre, contrairement à la plupart des autres mammifères. Et c’est là que les choses sont bien faites. Les mamans vivent une transformation intérieure dès la naissance de leur petit trésor. C’est Donald Winnicott, célèbre pédiatre et psychanalyste anglais du début du XXIème siècle, qui met en évidence un lien très fort entre le bébé et sa mère : c’est l’identification primaire. Forte de cette identification à son bébé, la mère développe des compétences innées et une intuition quant à la réalisation de ses besoins. La mère donne une attention extrême à son nourrisson et un certain désintérêt de soi mettant la priorité au bébé. Cet état dure plusieurs semaines après la naissance du bébé. C’est ce que Winnicott a appelé la préoccupation maternelle primaire. C’est une précieuse ressource pour la maman car elle l’aide à comprendre de manière instinctive les besoins de son bébé.
Mais vous l’aurez peut-être expérimenté d’une autre manière. Vous souvenez vous d’avoir eu des trous de mémoire importants, des difficultés à vous concentrer ? Vous avez peut-être vécu ce que les spécialistes appellent le Mom Brain. Sur ce sujet, le Dr Fortin, neurochirurgien, ajoute : « On a aussi remarqué chez ces mêmes patientes qu’il y avait une augmentation importante dans la capacité de rester calme dans des moments stressants, qu’il y avait une augmentation de la vigilance en cas de danger et une capacité très accrue à interpréter les cris aigus d’un bébé en fonction des circonstances que les papas n’ont pas. » Les symptômes peuvent durer pendant les deux premières années de vie de votre bébé. Votre cerveau maternel est donc bien transformé, l’espace de quelques semaines/années pour répondre au mieux aux besoins de votre enfant.
Toutes ces transformations intérieures que vit la maman à la naissance de son bébé sont utiles car elles lui permettent de comprendre les besoins primaires de son nouveau-né et, au delà des besoins de base, de comprendre plus aisément les besoins essentiels qu'il pourrait avoir. Maintenant que cette clarification est faite sur la primauté par la mère des besoins de son bébé au détriment des siens et sur son intérêt, il est important de comprendre pourquoi il est tout de même important d’écouter nos besoins.
2- De l’importance d'écouter ses besoins
Parce que nous sommes des êtres humains, nous avons une série de besoins. Ces besoins peuvent être multiples. Il y a les besoins vitaux, les besoins physiologiques, qui sont des besoins de base. Il y a aussi les besoins psychologiques : besoin de sécurité et besoin d'appartenance... Et même si nous pouvons les mettre de côté quelques temps, il est important de s’y reconnecter afin de ne pas trop souffrir de leur manque d’écoute.
Abraham Maslow, psychologue américain, a mis en lumière une hiérarchie des besoins chez l’être humain. Il explique combien l’insatisfaction répétée ou à long terme de ces besoins peut devenir pathologique. Bien sûr, chaque individu a des limites qui lui sont propres et des capacités d’acceptation personnelles. Et même si des limites ont été trouvé à ce modèle, notamment dans le lien des strates les unes avec les autres ou encore dans la méthodologie de son étude, il a tout de même l’intérêt de mettre en lumière les besoins de l’homme. Dans le schéma suivant de la pyramide de Maslow, nous comprenons les 5 grands besoins de l’être humain : les besoins physiologiques (faim, soif, sexualité, respiration, sommeil, hygiène et élimination), les besoins de sécurité (stabilité, prévisibilité, sans anxiété ni crises), les besoins d’appartenance (importance de faire partie d’un groupe, d’être relié à d’autres), les besoins d’estime (confiance, reconnaissance, respect et appréciation des autres) et les besoins d’accomplissement (de s’épanouir, d’exprimer son potentiel, sa créativité, de réaliser ses désirs profonds).
Fort de cette compréhension de nos besoins ainsi que de l’importance de leur satisfaction, nous comprenons aisément que cet état de désintérêt de nos propres besoins lors de la maternité ne doit pas perdurer trop longtemps, au risque de nous causer du tord.
3- Le moment où ça craque !
La plupart du temps, lorsque nous n’écoutons pas nos besoins pendant un long moment, il arrive que notre comportement devienne altéré. Notre conjoint nous fait des retours négatifs, nous nous sentons épuisées, le moral en berne, nos enfants sont plus agités, nous pouvons aussi ressentir de l’impatience ou de la colère. Nous pouvons sentir que nous touchons à nos limites, que notre comportement est inadapté ou que nos émotions sont débordantes.
C’est souvent à ce moment précis que la culpabilité fait sont chemin en nous, nous faisant croire que nous ne sommes pas une bonne mère, que nous devrions être tellement heureuse… Bref, des idées bien noires sur un moral déjà bien sombre.
Au lieu de rentrer dans le jeu de la culpabilité, je vous encourage à considérer les choses autrement. Je vous propose de réaliser l’expérience suivante : à chaque fois que je craque, je m’arrête pour me demander quel besoin proritaire n’est pas nourri en moi. Lors de nos dérapages, nos limites franchies mettent en évidence l'importance de combler un besoin en particulier. Que ce soit des besoins fondamentaux, des besoins de sécurité, des besoins d'amour ou d'accomplissement de soi, ou encore un besoin d'être reconnu, ils chercheront toujours un moyen d'expression pour être entendu et satisfaits. Si le besoin se fait sentir et que je me mets à son écoute, je pourrais alors découvrir ce qui me cause de la frustration en profondeur et trouver une manière d’y remédier. Je me connecterais ainsi au besoin impérieux qui cherche à être entendu et je pourrais ainsi le dire à ceux qui m’entourent afin de trouver un moyen de le satisfaire pour le bien de chacun. Au fond, je pourrais mieux me connaître, moins céder à la culpabilité et retrouver un peu de douceur et de paix dans mon coeur.
Vous l’avez compris, nos craquages sont utiles. Nous pouvons en faire nos alliés pour nous découvrir vraiment. Bien sûr, je n’encourage personne à déborder de manière régulière, je mets juste en évidence que si cela arrive, il est possible d’en faire bon usage pour mieux se comprendre et ainsi sortir plus durablement d’une situation de crise. Et si nos besoins sont comblés, nos comportements en sont directement impactés. C'est le début d'un cercle vertueux. Rappellons-nous aussi que nous ne pouvons pas combler tous nos besoins en même temps, mais que nous pouvons avoir une oreille attentive à comprendre et pourquoi pas à satisfaire en priorité le besoin qui émerge avec plus de force.
4- Un peu d’introspection
Pour faire le point sur nos besoins, sur ce qui serait important pour nous quant au fait de « prendre soin de soi », il est nécessaire de se poser un moment et de réfléchir. Nous pourrions commencer par questionner les injonctions des autres ainsi que les nôtres. Pourquoi est-ce que je fais telle ou telle chose ? Est-ce par habitude ? Est-ce parce que c’est le schéma que j’ai vu chez mes parents ? Est-ce que cette méthode me convient ? Quelle valeur a-t-elle à mes yeux ? Etc. En questionnant ainsi ma pratique parentale, je pourrais sortir des injonctions qui m’entourent et commencer à vraiment faire des choix qui me correspondent et qui répondent ainsi mieux à mes besoins.
Ensuite, je peux essayer de faire le tri entre les besoins. Je peux me poser la question suivante : est-ce que cette demande de mon enfant manifeste un besoin, un désir ou une habitude? En fonction de la réponse, il sera plus facile soit de répondre, soit de différer, soit de l’aider à trouver une alternative possible. A force de toujours répondre à toutes les demandes de chacun des membres de sa famille, la maman peut vraiment ressentir une lourdeur dans son quotidien, au point qu’il n’y ait plus de place pour la réponse à ses propres besoins.
Enfin, il n'est pas rare les mamans attendent de leur compagnon (ou leur entourage) qu'il comprenne et réponde à leur besoin. Comment pourraient-ils comprendre nos besoins si nous ne les comprenons pas nous-même ? Ne serait-ce pas une trop lourde tâche pour eux et une source de grandes frustrations pour nous ? Une fois cette notion comprise, n'est-il pas plus facile de dire mes besoins et de demander de l'aide ? Les partenaires et l'entourage sont souvent de bonnes volonté pour nous aider à combler nos besoins, mais il leur est nécessaire que l'on soit précis dans nos attentes.
Ce travail intérieur est vraiment utile car il permet de se reconnecter à soi-même et à ses besoins et ses valeurs. Il nous donne l’opportunité de faire des choix en conscience et de s’accorder de la place.
5- Des pistes concrètes pour recharger les batteries
Pour prendre soi, il y a plusieurs propositions qui peuvent vous correspondre de manière pratique. En voici quelques exemples :
- Bien se nourrir et bien s’hydrater, mais toujours avec plaisir !
- S'accorder un temps de détente : un bon bain, une pose de vernis
- Se reposer et bien dormir, si cela est possible. S’autoriser des micro-siestes à défaut d’une nuit complète !
- Sortir avec des amis, aller au cinéma, boire un verre avec une copine
- Prendre l’air en se promenant ou en faisant du sport
- Se faire masser…
A vous de créer votre propre liste de pistes concrètes, celles qui vous ressemblent, qui vous nourrissent vraiment ! Voici quelques petites idées personnelles qui peuvent aussi vous parler.
Tout d’abord, je vous encourage à accepter l’aide que l’on vous propose et même à demander de l’aide quand vous en éprouvez le besoin. C’est un point important dans la vie des mamans que de comprendre que demander de l’aide ne leur enlève pas leur valeur. Si nous faisions un petit parallèle avec notre enfant. N’aurais-je pas envie que mon enfant vienne me demander de l’aide s’il est dans le besoin? Serait-il une moins bonne personne s’il demande de l’aide ? Les réponses sont évidentes quand il s’agit de nos enfants. Et si nous nous appliquions ce calque ? Nous y verrions peut-être plus clair quant à nos injonctions et à la place que nous voulons vraiment leur donner.
Je vous encourage aussi à vous accorder un petit moment chaque jour, comme un rendez-vous quotidien avec vous-même, juste quelques minutes, pour prendre le temps de regarder autour de vous, de sentir l’air sur votre visage, de vivre l’instant présent dans votre corps et pourquoi pas de faire un petit point sur vos besoins.
Enfin, je vous encourage vivement à découvrir ou à pratiquer la gratitude. La gratitude est un état d’esprit envers soi, envers les autres, envers la vie. Elle consiste à prendre chaque jour quelques instants pour regarder rétrospectivement le beau de votre journée et le signifier (en l’écrivant, en le racontant, en le disant). Afin de prendre une véritable habitude, vous pouvez vous donner comme défi de noter chaque jour trois belles choses qui vous sont arrivées. Cette habitude de la gratitude ressemble encore à une injonction à faire, faire, faire… Et pourtant, en la pratiquant on comprend à quel point elle vient nous aider véritablement à nous connecter à nos besoins. On comprend mieux ce qui nous touche, ce qui nous fait du bien et cela nous oriente considérablement sur nos réels besoins.
Voilà, vous avez découvert mes 5 clés pour prendre soin de vous !
Le mot de la fin, et qui pour moi est l’essentiel, est de vous accorder de la douceur, toujours plus de douceur envers vous-même, toujours plus de douceur dans vos jugements envers vous-même, toujours plus de douceur dans votre coeur. En voilà une belle manière de prendre soin de vous !